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    Nous nous promenions, mon fils et moi, dans la prairie avoisinante, quand au détour d'un chemin nous nous arrêtâmes devant un vieux monsieur qui peignait.

    Pinceau à la main, assis devant son chevalet, il contemplait son tableau.

    Avec la spontanéité d'un enfant, Grégoire lui dit:

    - Il n'est pas beau ton dessin.

    Tout en souriant le peintre lui demanda:

    - Et pourquoi mon enfant ?

    - il n'y a pas d'arbres, il est tout gris.

    - dis moi fiston, que vois tu dans le ciel ?

    - ben, un peu de nuage, et des oiseaux.

    Le peintre m'adressa un clin d'oeil.

    - ma vue est si fatiguée, je n'ai pas la chance de les voir. Et quoi encore ?

    - des arbres, des fleurs de toutes les couleurs, des bêtes qui volent, y' a même des papillons.

    - des papillons !! aux couleurs de l'arc en ciel ? Tu les entends voler ?

    - ben...non.

    - quand j'avais ton âge, je les entendais battre des ailes, je les voyais illuminer le printemps. C'était magnifique.

    Sur ses mots, il éclata de rire, mais des larmes coulèrent le long de sa joue, qu'il essuya aussitôt. Ne dit on pas que les " artistes "sont des gens quelque peu excentriques. C'est bien ce que je pensais à cet instant.

    - Tu vois petit, tous les matins, je regarde autour de moi et ce tableau représente ce long travail d'observation. Tu as raison, mon dessin il n'est pas beau, mais je ne peux rien y faire. Les arbres, ils sont derrière les immeubles. Les fleurs dans des vases, et les oiseaux, pour la plupart, ils vivent en cages.

    Nous nous quittions ce jour, sans jamais nous revoir, sans vraiment comprendre.

    Depuis un projet immobilier a pris la place de ce paradis.

    Combien de fois, avait il scruté dans le moindre détail la faune et la flore en ces lieux, ainsi que ce panel de couleurs qui changent avec les saisons.

    Les plus infimes sons, les moindres odeurs devaient lui être familiers. Tout cela n'était plus qu'un lointain souvenir.

    Est ce le souffle léger du vent ou le bruit des feuilles, le papillon qui passa à mes cotés, je l'entendis voler.

     

    Antoine

     

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