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C'est d'ici que je vous écris (Amour et Désespoir) 3/5
Chapitre 3/ 5
Paris, 15 Janvier ..89
Doriane, oh Doriane. Deux longues années se sont écoulées. Deux longues années qui ne furent que tourment, que douleur.
N'ai-je point été votre ami le plus dévoué ? Aurais-je failli au point de mériter de votre part qu'aversion et cruelle désillusion ?
Je me souviens des faits relatés. Mes souvenirs conservent aussi l'odeur d'une amitié sans partage qui riait au nez de vos soupirants jusqu'au jour où, il trouva la clé de votre cœur. "Il" dont je n'ose prononcer le nom vous aura fait les yeux doux et bien plus encore. "Il" toujours lui, partageait vos rires, vos secrets et vos peines tandis que moi, rongé par la jalousie j'entretenais des relations obscures, me compromettais dans une forme de déchéance.
Comment aurais-je pu à vos yeux rivaliser avec votre prétendant ? Aurais-je pu combattre alors que j'étais affaibli, contre un adversaire qui possédait toutes les armes, tandis que je versais des larmes, me lamentait tel un enfant perdu dans ses rêves les plus sombres.
D'ailleurs, aujourd'hui encore, alors que vous lisez ces lignes, comment à vos yeux pourrais-je encore espérer de votre part un peu de compréhension, de compassion alors que lamentablement je dessine les contours d'une personne peu fréquentable, peu enclin à mériter l'amour.
Hier encore, je me voyais grand, je me croyais fort, ambitieux, à la recherche de rêves doux et réalisables. Où le mensonge désertait les songes afin de ressembler le plus fidèlement possible à une vie où le bonheur serait le met principal. Où les heures passées en votre compagnie posséderaient le gout du miel, légèrement épicées afin qu'elles ne soient jamais monotones, où vos rires récompenseraient les instants passés à vous contempler en me disant : suis-je l’amant idéal ?
Je me rend compte, à l'instant même ou se couchent les mots sur cette feuille, que mon esprit s’éloigne de mon enveloppe charnel. Je n'ai en finalité pas seulement perdu votre amour, j'ai aussi sacrifié mon âme. Je me suis jeté la tête la première dans un puit sans fond. Sans fondement, comment aurions-nous pu construire un univers serein à l'architecture solide, à l'amour structuré.
Je n'ai plus la force d’écrire plus longuement. Ni la force, de nouveau vous rencontrer. Je me suis mis à nu à tel point que l'on voit mes os et ne suis plus que le spectre d'une personne ayant un jour existé.
Adieu ma très chère Doriane. Adieu à tout jamais et mille excuses, mille pardons de ne pas avoir su vous aimer à votre juste valeur, de ne pas avoir été à la hauteur de vos espérances. De ne pas avoir cru en la femme merveilleuse que vous auriez pu être à mes cotés. Non pas que vous ne l’étiez pas, d'une manière ou d'une autre.
Je prierais jour et nuit, implorerais tous les dieux afin que votre bonheur soit éternel. Ici bas ou ailleurs.
Que Dieu prenne soin de vous et de vos enfants.
Alexandre.
Antoine le 2 février 2016
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Tags : amour, desespoir, lettre d'amour, lettre de rupture, Contes et nouvelles, Societe, correspondance
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