• La face cachée du monde 2/2 (cycle : entrez dans le rêve)

     

    En chaque homme, une histoire. A chaque histoire... le destin des hommes.

    Mon bateau fut pris dans une terrible tempête. Plutôt que de me noyer dans l'alcool alors que je souffrais déjà du mal de mer, je me résignais à me rendre au cinéma voir le film du grand réalisateur et magicien de l'image, le bien nommé : Alfred Houdini.

    Mes peines de coeur m'empêchèrent de rentrer dans l'intrigue du film : "L'amour en dérision". Quand tout à coup, sur l'écran de projection, apparu le grand Houdini. Il me faisait signe de le rejoindre, et je lui répondais discrètement, pour ne pas déranger les spectateurs, par des signes de refus... tout intimidé que j'étais par cette scène surréaliste. Impatient de voir la suite du film, les spectateurs commencèrent à s'énerver et me poussèrent à travers l'écran...

    Une fois à l'intérieur, les acteurs en profitèrent pour aller boire un coup, griller une cigarette, ou bien faire une pause pipi.

    " - Que se passe t-il mon garçon, mon film ne t'intéresse pas ?

    - Désolé monsieur, je ne suis pas vraiment dans mon assiette alors, mon attention est dirigée ailleurs. Mais je vous promets, une fois de nouveau assis dans mon siège, je ferais tout mon possible pour m'accrocher à l'histoire !

    - Mais avant, je veux te dire une chose. Quelque soit le film que tu tournes, il faut que tu te mettes dans la peau du personnage. Peu importe que le scénario soit mauvais, si tu tiens bien ton rôle, personne n'y verra rien. Tu te dois d'être le meilleur, quitte à mentir, à faire semblant. Le principal c'est que tu t'éclates. La vie n'est qu'une vulgaire comédie alors pourquoi tant faire, pourquoi chercher la perfection ?

    - Oui, vous avez probablement raison. Puis-je retourner à ma place ?

    - Vas y mon garçon, mais n'oublie pas ! les gens en face de toi... tous des comédiens !!! "

    Et c'est ainsi, de nouveau à ma place, que je rencontrais Yollande. Nous échangeâmes quelques mots et après m'avoir confessé que le film l'ennuyait et que seul le confort de son siège l'empêchait de partir, nous décidâmes d'aller boire un bon chocolat chaud...

    Nous nous vîmes les jours suivants et comme un petit enfant, j'étais suspendu à ses lèvres. A ses cotés,  je parcourais le monde par l'intermédiaire de ses multiples voyages. Moi, qui n'avait jamais quitté les alentours de ma ville, je ressentais une certaine frustration. Pour elle, cela n'avait aucune importance car me faisait-elle remarquer, le point d'arrivée était pour tous deux, identique : on se retrouvait assis dans ce salon de thé à déguster les petits plaisirs de la vie...

    Avec Yollande, je pouvais parler de tout. On papotait sur les fleurs, les animaux, l'histoire du monde... Toujours, elle m'écoutait en essayant de me donner une réponse à mes innombrables questions. Si nous n'étions pas systématiquement d'accord, dans une forme de politesse respective, on faisait presque semblant de l'être. Ce qui dans le fond ne changeait rien, nous n'allions pas refaire le monde.

    Les mois passèrent trop rapidement. Elle ne m'avait pas pris par surprise car, pour ne pas me l'avoir caché, je savais que le moment venu, elle devrait me quitter..

    Un jour, fatigué d'une de mes harassantes journées , elle eut un geste affectueux... Elle prit ma tête dans ses mains, la posa sur sa poitrine, et au son de sa respiration, au tam-tam de son coeur,  je m'endormis dans les bras de cette femme quasi centenaire...

    ... et je me retrouvais sur un bateau, vogant lentement, entre ciel et mer, mer et montagne. La nature était resplendissante. 

    Chacun à son tour, habillés dans leur tenue traditionnelle, les représentants de tous les pays vinrent me saluer. Qu'elles soient à demi-nues, une fleur dans les cheveux ou habillées de vêtements de soie aux multiples couleurs... ils étaient tous merveilleux.

    Sur des tables dressées, je pouvais goûter aux mets les plus fins. Les saveurs de chaque plat me donnaient envie d'en connaître un peu plus. Qui étions nous ? D'où venions-nous ? L'histoire des uns trouverait obligatoirement sa source dans l'histoire de l'autre... Nous étions obligatoirement frères...

    Yollande ne m'avait menti. Celui qui sait ouvrir les yeux découvrira la véritable beauté du monde, la véritable chaleur qui entoure l'oeuf, jusqu'à l'éclosion de la vie...

    Alors, au milieu de tout ce beau monde, je riais, riais comme jamais je n'avais ri... Je tournais sur moi-même, de plus en plus vite, dans le sens des aiguilles d'une montre, dans le sens giratoire du monde. Et je m'élevais toujours plus haut, en riant toujours plus fort...

    JanSheng

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