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    James et Linda vivaient une vie tranquille, du moins, le plus qu'ils le pouvaient. Tandis que Linda s’occupait de la maisonnette et des affaires intérieurs tout en attendant la naissance de leur enfant, James travaillait, comme tous les hommes du pays, durement à la mine. Certes, ils manquaient de confort et ne mangeaient pas toujours à leur faim car le travail n'étant pas plus abondant que le gibier d'autant plus que la population en constante augmentation compliquait une situation déjà fort complexe. Malgré cela, ils étaient heureux...

    Un matin de décembre, un matin froid et sec qui retarderait la neige de tomber, une simple lettre, déposait aux bureaux de poste, bouscula la vie paisible de nos jeunes amoureux.

    L'oncle Édouard, ainé de la famille du père de James mourut, fin novembre, dans le sud de la France. Sans femme ni enfant, il leur léguait toute sa fortune ainsi qu'une grande demeure victorienne qui se situait au nord de Londres.

    Dés les premiers instants de la conception du fœtus dans le ventre de sa mère, ce dernier ressent déjà les premières émotions transmissent par l’état de joie ou de stress de celle-ci.

    Durant son enfance l'enfant, telle une éponge, adsorbe les émotions dégagées par son entourage.

    On peut aisément imaginer que les émotions négatives emmagasinées par l'enfant durant ces années le perturberont une fois adulte. Mais peut-on seulement imaginer sous quelle forme elles se développeront, se manifesteront ? Mieux vaut ne pas le savoir, ne pas en être victime... dans tous les sens du terme.

    Damien, jeune adolescent âgée de tout juste quinze ans, vivait la plupart du temps dans sa chambre. Pourtant, la somptueuse et immense   battisse était dotée de différentes pièces, dont de nombreuses chambres, deux cuisines, deux salons et un magnifique séjour.

    Dans l'un des salons, James, le père de Damien, laissait filer lentement le temps, vivant cela comme un véritable supplice. En proie à différentes formes de délire, il divaguait. Toutes ses journées, il les passait de la même manière et si parfois on pouvait l'apercevoir faire les cents pas dans la pièce, nul ne pouvait ne pas l'entendre. Le silence oppressant de la bâtisse sombrait sous un véritable chaos lorsqu'en état de crise avancé, il poussait des hurlements, des cris à vous glacer le sang.

    Au premier étage, la silhouette d'une femme squelettique qui fut, il y a quelques temps encore de cela, une très belle femme, vagabondait d'une pièce à une autre, sans jamais en connaitre le but ultime. Occasionnellement, elle s’éveillait de sa torpeur, un fascinant sourire au coin des lèvres pouvait même s'y dessiner. Si on joutait au sourire, les ténébreuses et envahissantes pensées qui hantaient son esprit, après les interrogations suscitées par ce surprenant état de fait, nul n'aurait pu rester un instant de plus en la présence d'un être aussi démoniaque. Mais la bonté prenait encore le dessus et jamais, je peux l’écrire avec certitude, elle n'aurait pu faire le moindre mal. Ni à son fils, ni à son mari, ni à aucune autre personne d'ailleurs.

    Les domestiques désertèrent ce monde en perdition où la mort donnerait probablement rendez-vous à l'une de ces âmes en peine. Pourtant, à leur arrivée en ces lieux, tout leur paraissait si merveilleux. Après avoir touché l’héritage de l’oncle Édouard, la décision fut donc prise, l'enfant qui naitrait bientôt ne devrait en aucun cas connaitre la misère telle que eux l'avaient vécu. C'est pour cela que très rapidement, ils aménageraient dans cette demeure qui dégageait une atmosphère sereine et authentique. Le jardin, décor aux magnifiques couleurs et senteurs ajouté à ce lieu idyllique une impression de paradis terrestre.

    Le rêve, vira tout aussi rapidement en cauchemar lorsqu’un après-midi, la venue d'une femme sema le doute, la colère et l’abattement dans ce couple qui n'aspirait qu'au bonheur. C'est par la bouche de cette pauvre femme qu'ils apprirent comment l'oncle Édouard, oncle qu'il n'avait jamais connu, fit fortune. Tout commença ici, par l’enlèvement d'une pauvre fille, orpheline de parent, et dont personne ne s’inquiéterait de la disparition. Personne ne l’inquiéta, ni les hommes de loi, pas plus les habitants du village environnent. C'est pour cela qu'il procéda, là où cela était possible, à d'autres enlèvements. Il y avait bien une rumeur qui finit par circuler mais elle fut très rapidement étouffé. Et pour cause, les hommes, triés sur le volet, qui se donnaient rendrez-vous dans la bâtisse afin de participer à des orgies qui dégénéraient parfois à la torture et même aux meurtres n'étaient autre que les plus hauts dignitaires du pays. Mais, d'autres bruits circulèrent de plus belle. Aux soirées se succédèrent les journées, et c'est ainsi que jour et nuit l'horreur franchissait de nouvelles limites qui, pour certains participants, devenaient insupportable. Grâce au repentir de l'un d'eux, une enquête fut enfin ouverte et le maitre des lieux pût s’échapper avec l'aide de gens bien placés et vivre dans le sud de la France où les affaires florissantes reprirent de plus bel. Le repenti ne fut jamais jugé car on le retrouva sans vie au fond sa cellule.

    Ce que leur raconta cette pauvre femme fut horrible à entendre. Combien de pauvres jeunes filles, durent, comme la fille de cette femme, subirent les supplices d'hommes au comportement de bêtes sauvages, de monstres pervers. Combien de cadavres furent enterrés là où l'herbe, les fleurs, et tous ces végétaux poussent joyeusement se nourrissant d'un festin d'engrais de restes humains en décomposition qui rendent la terre si fertile.

    Extrait de la conversation :

    - Madame, ce que vous dites est impensable, inimaginable ! quel homme pourrait commettre des actes aussi odieux ! Ce ne peut-être un homme, ce ne peut-être que le diable, le mal incarné !

    - Madame, vos pleurs, votre désarroi me soulagent autant qu'ils me peinent. Ma venue, d'ailleurs aurais-je dû vous cacher la vérité, le fait que je vienne vous voir n'avait que pour but de rétablir une vérité afin que je puisse accomplir mon deuil une fois pour toute. bien que je pense, que jamais je ne m'en remettrais. Ma fille n'aura pas subit les pires supplices à ce que l'inspecteur m'a dit mais ce qu'il sait provient de différents témoignages probablement bien loin de la réalité. J'aimerai retrouver son corps afin qu'il soit enterré dignement dans le caveau de famille. Et probablement qu'il est enterré dans votre jardin. Pauvre fille qui aura osé se rebeller et qui l'aura payé très chère. Je vous passerais les détails concernant les abus physique subit ce jour là par ces monstres mais sachez qu’après cela, il lui creva les yeux, lui coupa les oreilles, et la langue. Ma fille serait l'exemple idéal à ne pas suivre. Personne ne devait parler, et le mieux encore c’était de croire de n'avoir rien, ni entendu... 

    Votre oncle fut puni de tous ses péchés par ses propres péchés. Une de ses filles à qui l'on procurait le minimum d’hygiène lui transmis une maladie vénérienne. Les premiers soins, trop tardifs, fit que la maladie s’avéra incurable. Dieu soit loué, il en mourut.

    Plus jamais la vie à la demeure ne put être comme avant. Pauvre Damien qui sans le savoir, accumulait au plus profond de sa chair et de son esprit toute la douleur de ses parents. Mais il valait bien vivre, enfin pour l'instant car viendrait le temps de mourir.

    Une petite femme accompagnée d'une petite fille dont la laideur répugnait les braves gens frappèrent un jour à la porte de la demeure. A la recherche de travail, elles furent embauchées sur le champ.

    Treize ans s’écoulèrent. James sombrait tout comme sa femme dans la folie mais la sienne était meurtrière. Il soupçonnait Linda de vouloir l'empoisonner. Persuadé que son alcool contenait le poison, il en fit boire à l'oiseau d’Eugénie, la fille de la gouvernante. Évidement l'oiseau dont la beauté et le chant restait la seule note joyeuse de la demeure mourut. Un esprit sain aurait très vite comprit la cause du décès de l'oiseau mais, en ancien mineure, il interpréta cela comme un danger imminent et manigança le meurtre de sa femme. Cela se déroula sous les yeux de Damien, tout comme le suicide de son père qui ne supporta pas les conséquences de son acte.

    Damien resta le seul maitre de la demeure. La maison tout comme le jardin tombaient chaque jour un peu plus en ruine et seul Eugénie, fille un peu simplette, apportée un peu de fraicheur.

    Damien ne connaissait pas l'amour, pas plus qu'aucun autre sentiment. Il vivait, un point c'est tout. Alors, lorsque qu'un soir, Eugénie se glissa nue dans son lit, la chaleur de son corps qui enroulait le sien ne lui procura ni plaisir, ni excitation, pas plus de dégout. En finalité, Eugénie seule se délectait dans ce corps à corps dépourvue de sensualité. Eugénie, tel un chat se frottant à la jambe du premier venu, se consolait ainsi de son manque de plaisir charnel. Et c'est ainsi, que par la suite, ils se retrouvèrent pour des jeux amoureux des plus singuliers. Damien, le corps raidi, allongé sur le dos, il supportait les frottements d’Eugénie tout comme il supportait son haleine fétide. Plus elle s'approchait de l'extase, plus sa respiration devenait forte et haletante. Dans ces instants, il bougeait enfin. Du moins, il tournait la tête afin que ce souffle nauséabond l'atteigne le moins possible. Tout le reste de son corps restait sans vie.

    Lassé de cette vie, Damien voulut parcourir le monde. Pour ce faire, il devait se rendre au port de Londres et prendre le premier bateau en partance pour la France. Par la suite, du Port de Marseille, il se rendrait à Naples puis à Tunis.

    Sur le seuil de la porte, Eugénie pleurait bouleversée par le départ si brusque de son maitre et occasionnellement amoureux. Elle fut d'autant plus prise au dépourvu que jamais il n'en avait la moindre allusion. Il leurs promit de revenir sans pour autant leurs donner de date, ni de directive particulière. Droit, le corps toujours aussi raide, son visage sans aucune émotion particulière, il parti sans se retourner, sans un adieux.

    Mais Damien ne se rendit jamais en France. Il dilapida son argent auprès de femme sans vertu sans que jamais, il ne leurs firent l'amour. Ce besoin lui restait toujours aussi étrangement inconnu. Jusqu'au jour, au plutôt une nuit il fit un cauchemar des plus étrange. Il rêva de ses parents dont la tête se posait sur le corps d'un oiseau le protégeant d'un étrange prédateur. Le rapace dont la tête humaine lui était inconnue attaqué le nid. Mais ses parents ne purent résister aux assauts répétés du rapace qui les emmena dans ses griffes acérés probablement en guise de nourritures à ses progénitures. Pour la première fois, il se mit à pleurer. La nuit tombait, seul dans le nid, il ressenti la peur, le manque, la fin et même un drôle de désir. Au loin, un oiseau venait à sa rencontre. Caché dans un coin du nid, effrayé par la venue du volatil, il fut soulagé de s'apercevoir qu'il se trouvait en présence de l'oiseau Eugénie.

    Après toutes ces années d'errance émotionnelle, il se retrouva à devoir gérer de violentes pulsions qui le poussèrent par deux fois au crime. Le processus était toujours le même. Après avoir fumé de l’opium, il se rendait aux abords de la maison close. Il attendait patiemment la sorti de l'oiseau rapace à tête humaine, persuadé de l'avoir vu un soir où lui même fréquentait les lieux. Mais jamais il ne l'avait revu. Alors, il s'acharnait sur le corps d'une de ces pauvres filles, persuadé qu'elles le cachaient, qu'elles le protégeaient. Il les soupçonnait même d’être ses progénitures. Elles ressemblaient tellement à leur père. N'avaient-elles pas le même corps d'oiseaux, les mêmes plumes ?

    Heureusement, il fut arrêtait avant de commettre de nouveaux forfaits. La justice fut assez clémente. De tout temps, le sort des prostitués n’intéressait pas grand monde. Après avoir purgé trois années de prison, il fut libérè. Sans un sou, résigné, il retournerait à la demeure.

    Arrivée devant la porte, il eut un mal fou à trouver la clé pourtant posé dans la poche droite de son pantalon. Mais de clé, il n'en eut point besoin, la porte s'ouvrit au contact de sa main. La serrure ne fonctionnait plus.

    Après visité de font en comble la demeure qui se trouvait dans un état de délabrement bien avancé, sans que sa bouche n’émette le moindre son, le moindre appel, il se rendit à l’évidence, la maison était vide.

    Pour la première fois, hormis celle de son rêve, il pleura. Pour la première fois un être lui manquait réellement. Où pouvait se trouver Eugénie, pourquoi n'était-elle là à l'attendre?

    Et durant les années qui suivirent, tel un fantôme, il hantait les lieux espérant un jour revoir son visage qui les années passant, devenait de plus en plus beau. Son esprit dérailler complétement au point où, les tableaux de la demeure prenait vie et parmi les baigneuses nues il s'imaginait voir son Eugénie. Ce qui le rendait fou d’excitation. Alors que sa mort approchait à grand pas, il ne s’était jamais senti aussi vivant.

    Sur son testament, d'ailleurs sans valeur car il ne fut jamais consigné par un homme de loi, il est écrit qu'il lèguerait le reste de sa fortune à qui adopterait son fantôme. Même après sa mort, il voulait continuer de vivre. Dans un instant de lucidité tardif, il regrettait l'assassinat de ces pauvres femmes, l'abandon d’Eugénie. En finalité, il regrettait tout, même ses détestables parents à qui il aurait pu pardonner son héritage génétique (?). Il voulait vivre et rendre heureux la personne qui lui laisserait un peu de place dans sa mémoire. Il voulait rendre joyeux même la personne la plus torturée mentalement tant qu'elle lui donnait en échange l'occasion de continuer à vivre... juste le temps de retrouver son Eugénie et partir, dans un monde où, les enfants de connaitraient jamais la peine et la souffrance. Car jamais il n'avait su qu'il était devenu un adulte...

     

    Ce texte dont la véracité ne peut être contestée, hormis le dernier paragraphe, est le regroupement des témoignages des tous premiers domestiques, des rapport de police que j'ai pu me procurer mais aussi des rares visites où j'ai pu voir, de mes propres yeux, la chute inévitable des trois membres de cette famille. en tant que médecin, j'étais chargé de m'occuper de la petite Eugénie Salinger dont la mère avait pour la soigner mis toutes ses économies dans les soins.Malheureusement, par la suite, l’entrée de la demeure me fut interdite et aux dernières nouvelles, la pauvre fille aurait... mais dois-je vous le dire ? Je suis persuadé que bien avant que je vous l’écrive, vous aviez deviné la fin tragique de cette histoire. a son sujet je ne pourrais que cela, cette fille souffrait d'un mal dont j’étais persuadé guérir mais la description faite par le fils des époux Petterson n'est

    Docteur J. Parker

     

     JanSheng (le 19 mai 2015)

     

    Cette histoire qui se voulait courte et pleine d'espoir n'aurait jamais dû tourner à l'horreur. Et pourtant, devais-je me priver de l’écrire ? Je ne pense pas...

    Les mots écrits en cet après-midi du 19 mai ne sont que le reflets des images imaginées la nuit, ce qui me laisse à penser que si je devais adapter ce texte en un téléfilm, les émotions, les décors, les personnages seraient beaucoup plus resplendissants et vivant tandis que l’atmosphère serait elle, beaucoup plus lourde. Afin que tout cela soit en adéquation avec mon imagination les détails seraient beaucoup plus précis.

    Mais si je devais tirer de ce texte un téléfilm, il est fort à parier que par la suite, l'histoire de départ serait, elle aussi envisageait. Ce qui me laisse aussi à penser que, très prochainement, elle verra jour dans un texte beaucoup plus optimisme où les fantômes partagerait avec les vivants une...

    Patience, patience, vous le saurez prochainement...

    Alors, à bientôt pour de nouvelles aventures fantasmagorique..

    JS

     les escalier tombé en morceaux

    oiseau que l'on emmène dans la mine

    grandir dans de meilleures conditions

    n’éprouvait aucun plaisir

    sa laideur peut cacher une certaine bonté

     

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