Chapitre 1 / 5

Paris, 25 Janvier ..87

Ma très chère Doriane, 

Par le plus grand des hasards, alors que je quittais le musée des Sciences Naturelles, je tombais nez à nez avec votre cousine Elisabeth.

Après la joie des retrouvailles, nous nous racontâmes des histoires anciennes mais toujours aussi présentes dans mon esprit.

J'espère que vous ne lui tiendrez pas rigueur de m'avoir remis, après un embarras non dissimulé, votre adresse.

Depuis votre départ, des évènements malheureux m'ont frappé. Le plus cruel sera la perte de mon épouse dans d'horribles souffrances. Les plus grands médecins ne nous avaient donné guère d'espoir.

Gabrielle fut une femme courageuse jusqu'à son dernier souffle et je me mets à regretter de ne l'avoir jamais aimé.

Deux années passées, je suis tombé amoureux d'une personne que je vois depuis assez régulièrement, mais sans jamais oser lui avouer mes sentiments à son égard. Je ressens que pour sa part, il ne s'agit que d'une simple relation d'amitié.

Ne me jugez pas si je vous dis que la mort de Gabrielle fut au début une sorte de délivrance qui depuis, est mon fardeau. Je vis dans la culpabilité et mes rêves sont hantés de remords.

Je comprends aujourd'hui la douleur d'un amour qui ne va que dans un sens.

On se met à croire qu'avec le temps on sera aimé ou que l'on finira par s'attacher à la personne qui partage votre vie. Cela n'en est rien.

Tout comme je le disais à Elisabeth, je compte m'exiler vers d'autres contrées, et cette lettre est un adieu que je vous fais.

Nos chemins se sont croisés un jour, se recroiseront ils ? Je ne le pense pas.

C'est sur ces mots que je vous quitte. Je pensais vous raconter tant de choses et voilà que je m'aperçois que les mots ont du mal à s'extirper de mon esprit.

Ma très chère Doriane, j'attends de vos nouvelles avec impatience et croyez à toute l'affection que je vous porte.

Alexandre

Dans le Cycle : les brèves histoires de l’inconscience vous pourriez aussi lire : C'est d'ici que je vous réponds (Amour et Désespoir) 2/5