•  

    Les enfants de l'atome
    Cycle : les arrache-coeurs (contes et nouvelles du 21 ème siècle)

    Livre 2 Chapitre 5.

     

    Les "fantômes" d'un passé dont on aura aucunement retenu les leçons, d'un futur qui ressemble étrangement à des périodes que l'on aurait voulu effacé de notre mémoire collective, sont las, consternés et à la fois absents. Le plus étonnant sera probablement qu'ils s'accrochent à la vie alors qu'elle ne leur inspire que dégout. Pourtant, la vie est si belle. Mais voilà, une petite centaine de personnes peuvent pourrir la vie de milliards d'individus et cela, sans que personne ne songe à changer les choses, les règles. Jusqu'au jour où...

    On les voyait réuni autour du feu qui se consumait. Ils étaient jeunes, ils étaient vieux, accompagnés de femmes et d'enfants. Les cendres ardentes brûlaient en eux. Ils vivaient dans la rue, se nourrissaient de déchets alimentaires.
    Ils inspiraient tantôt la pitié, tantôt le mépris, laissant transpirer le dégoût qui émanait d'une vie perdue à jamais.
    Ils ne rêvaient d'aucune guerre, d'aucune révolution, tout juste de considération. On ne leurs offrait que la soumission, déchaînant ainsi les passions. Les enfants en haillons attendaient qu'on les délivre, désireux d'apprendre, de dévorer des livres. Savoir parler, pouvoir écrire, et raconter leurs contes défaits; dépeindre ces jeunes filles vendant leur corps, crevant lentement dans le silence, dans l'indifférence.
               

    Peuple de (France), transfusé à la désespérance

    Peuple de (France), où sont tes espérances

    Peuple de (France), qui sombre dans la démence

    Peuple de (France), sonne les dissidences


    Une nuit, ils furent invités aux funérailles du mensonge et de la culpabilité. Très peu suivirent le corbillard, ils n'osaient franchir le pas, briser les chaînes. Durant toutes ces années, on les avait conditionnés, ils se devaient de tout accepter.
    Une vieille dame qui se donnait toutes les peines du monde, suivit le cortège. Le corps plié, la tête haute, elle avançait péniblement traînant sa carcasse, son corps décharné. Elle voulait encore vivre, croire en l'avenir, ne jamais oublier son passé.
    Elle trébucha, puis se releva. Elle avait connu les guerres, vu tomber ses frères, et en la mémoire de ceux qu'elle avait tant aimé, elle se devait trouver la force. Elle combattrait une nouvelle fois la misère, toutes les misères.

    Peuple de (France), à genou tu avances

    Peuple de (France), tu fuis dans l'ignorance

    Peuple de (France), proche de l'accoutumance

    Peuple de (France), tu en oublies tes souffrances

     

    Le peuple se lève de plus en plus nombreux.
    Enlisé dans des images surdimensionnées, "Ils" contrôlent l'émotion.
    Les scènes de chaos sont remplacées par des pantins animés.
    Vous êtes en direct sur JT Libre, branchez vos récepteurs, et bravez l'interdiction de s'informer.
    Refusez les règles concoctées dans les laboratoires de la communication.

                                         
    Au fur et a mesure, le cortège grossissait. Les villageois retrouvaient le sourire. Des rires, des chants ponctuaient la marche, certains se donnaient la main en signe d'une amitié retrouvée. Parmi les plus jeunes, l'espoir donnait lieu à des scènes d'allégresse, et certaines rencontres devenaient des amours naissants. La vie reprenait le dessus sur la morosité ambiante.

    Les Dieux regardaient cela d'un mauvais œil, il était trop tôt, le peuple devait encore souffrir. Eux seuls décideraient le moment opportun de la réconciliation, bien que cette idée ne fut point à l'ordre du jour, ni des jours futurs et lointains. Un peuple croulant sous les dettes, la misère, et qui viendrait manger dans leurs mains, serait un peuple asservi pour des siècles de générations.

    Lors d'une assemblée, le représentant du peuple qui secrètement n'était autre qu'un ami des coquins, réclama de l'argent pour aider les familles en détresse, mais devant l'agacement de la majorité des Dieux présents il quitta la salle. Lors de la même séance, des sommes colossales furent demandées par des Royaumes, des Employeurs, des Administrateurs. Les coffre désespéramment vides,
    comme par miracle, se remplirent de pièces d'or. Mais en réalité aucune magie ne  permettait cette incroyable état de fait, les caisses contenaient bel et bien des pièces dans un double fond qu'il suffisait d'actionner pas un simple filin transparent.


    Le peuple eu vent de la supercherie et la tension était à son paroxysme, un vent de révolte soufflait. Tous les Dieux mentaient, manipulaient leurs sujets par des mises en scène théâtrale. Les Dieux n'étaient autres que des imposteurs.

    Alors, ils se battraient pour des lendemains meilleurs, ils ne voulaient que du travail, de l'espoir, et de l'amour. Peu leur importait le prix  a payer, ils se devaient de retrouver leur dignité perdue. Malgré que cela représentait un délit, les villageois se retrouvaient chaque soir sur la place principale.

    Pendant ce temps, les Âmes noires gravirent les monts et les collines.
    Tel le réveil du volcan en sommeil, elles attendraient les ordres, et la suite coula de source... une source rougit par le sang.
    Un homme tout de noir vêtu, regardait les préparatifs, un sourire démoniaque se dessinait sur ses lèvres.
    Les premiers coups de feu déchirèrent la nuit, de tous les coins de rue jaillissaient des ombres martelant le sol de leurs semelles usées.
    La panique s'emparait de ces esprits fragiles, chacun essayant de sauver sa peau. Le mouvement de foule fut d'une rare violence.
    Elle était toujours là, le  regard perçant. Elle pressentait que son destin basculerait dans l'errance d'une nuit noire et froide.
    Rien ne les arrêtait, ils chargeaient, cognaient sans discernement, vieillards, femmes et enfants.

    Personne n'envisageait la défaite, pourtant l'espoir les abandonnait. Accrochés à des rêves étoilés, ils ne devenaient plus que songes.
    Des poches de résistances se formèrent ici et là, mais elles furent très vite repoussées, puis matées.

     On raconte encore de nos jours, l'histoire de cette dame, morte pour rien, symbole d'une société qui ne respecte même plus ses anciens.
     

    Le paradoxe fut qu'ils puissent faire la "guerre" pour des jours meilleurs, alors que ceux qui les combattaient, étaient sensés représenter la paix...

     Peuple de (France), tu es réduit au silence

    Peuple de (France), tu crèves dans l'indifférence

    Peuple de (France), a genoux pour ta pitance

    Peuple de (France), implore ta repentance


    Antoine le 03 Avril 2016

    Google Bookmarks

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique